Comœdia 04 septembre 1924


Autour des œuvres de Tite-Live

Mystification ou réalité ?

Il faut remonter aux meilleurs temps de la Renaissance, lorsque le peuple prenait part à la joie des savants qui avaient découvert un code grec ou latin, pour avoir une idée de l'émotion qui s'est éveillée tout à coup en Italie, en Europe et dans les deux Améri-. ques à l'annonce de la prodigieuse découver- te des parties qui manquaient à l'œuvre, de Tite-Live.
Des cent quarante-deux livres que le grand historien a écrits, trente-cinq seulement sont arrivés jusqu'à nous. Pour les composer, il avait employé soixante-seize années de son existence et ce n'est pas trop lorsqu'on pense qu'il s'agit de raconter l'histoire de huit siè- cles !
L'homme qui, dans un couvent de l'Italie méridionale, aurait découvert ce merveilleux trésor, est un riche savant, devant lequel tout le monde doit s'incliner. Ses études sur les écritures du moyen âge en font foi. Il n'est personne, en Italie, qui ne rende jus- tice à la science du professeur di Martino Fusco.

Les dernières nouvelles venues de Naples nous font savoir:
1° Que le professeur di Martino, dans la tranquillité de l'île de Capri, est en train de transcrire le code:
2° Que la transcription est commencée par la seconde « Deca », c'est-à-dire du livre XI au livre XX;
3° Que le traducteur est arrivé au XVIIème livre;
4° Que le code est d'une lecture très difficile.

Une ancienne légende raconte que Caligula avait ordonné la destruction des quarante « Deca » de Tite-Live. Ce qui est certain, c'est que le moyen âge connut seulement la Ière, la IIIème et la IVème « deca »

Les recherches pour retrouver l'œuvre entière eurent lieu à Montecassino, à Chartres, à Constantinople, mais en pure perte. Le professeur di Martino aura-t-il eu plus de chance ? Tout le monde le souhaite.

C. A.-T.


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