L'Ouest-Éclair 04 septembre 1924 |
A GENÈVE Pas de paix assurée sans un pacte d'assistance mutuelle La délégation française, qui est composée d'orateurs éminents, doit avoir sans cesse présent le précepte terre à terre du bonhomme La Fontaine : la paix est fort bonne de soi, j'en conviens; mais de quoi sert-elle avec des ennemis sans foi ? La thèse anglaise est une fois encore la thèse même des Allemands. Ceux-ci ne veulent pas être liés par un pacte quelconque. M. Mac Donald déclare que l'Angleterre abdiquerait si elle se liait par avance par un pacte l'obligeant à venir au secours du droit violé. M. Mac Donaid est arrivé à Genève, assure t-on, avec un projet de désarmement immédiat qui s'exécuterait sous le contrôle de la S. D. N. elle-même désarmée. C'est toujours la foi idéologique dans la conversion des malfaiteurs et dans la vertu des formules de paix. Pouvons-nous redouter que M. Herriot se laisse convaincre et vaincre par le mot d'arbitrage qu'il se flatte d'avoir mis en honneur à la Conférence de Londres ? Nous espérons qu'il n'abandonnera pas le terrain ferme pour courir après de séduisants feux follets et des formules plus mouvantes et moins saisissables que la fumée. L'arbitrage c'est l'incertitude, c'est le compromis, c'est la mutilation certaine de nos droits, c'est la victoire des intérêts sur l'équité. Il faut que M. Herriot et notre délégation s'en tiennent sans faiblir, au pacte de l'assistance mutuelle. A ce prix seulement notre sécurité pourrait être à peu près assurée. Octave AUBERT. |
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