Excelsior 10 février 1924


LE GRAND-DUC CYRILLE CROIT QUE LE RÉGIME TERRORISTE EN RUSSIE NE DURERA PLUS GUÈRE
Le gardien du trône des tsars retour nera-t-il dans son pays?
NICE, 9 février (de notre correspondan particulier).- Le grand-duc Cyrille a bien voulu nous recevoir dans sa propriété de Fabron. Certaines nouvelles de Russie où il est parlé du mouvement de révolte qui se dessinerait contre le régime des soviets ne le surprennent pas. Pour notre hôte illustre la fin de la terreur rouge approche. Ce n'est plus qu'une question de mois.
La masse du peuple russe, les paysans qu forment une proportion de 85 0/0 de la population russe sont fatigués du bolchevisme. Ils ont assez souffert. Les soviets leur ont tout pris. Comme les ouvriers également victimes du nouveau gouvernement russe, les paysans aspirent à un autre régime. C'est cet état de chose qui rend parfaitement possibles les nouvelles annonçant un mouvement de révolte contre les soviets.
Après un instant de silence, le grand-duc Cyrille continue:
Naturellement, on va réprimer ce mouvement. On va fusiller sans distinction. L'idée est en marche.
Nous demandons à notre hôte: N'avez-vous pas exprimé récemment le désir de rentrer bientôt en Russie pour répondre à l'appel de votre pays?
Le grand-duc Cyrille à cela répond : J'ai dit plus exactement que je me proposais d'essayer d'entrer en Russie, si on me le demandait. Je suis convaincu, en effet, que la Russie demande un tsar et un gouvernement constitutionnel au lieu de l'absolutisme des bolcheviks. Il y a toujours eu des tsars en Russie. Ceux-ci ont toujours été les pères spirituels de leurs sujets. Si à mon tour, je monte sur le trône, ce sera pour, oubliant ma propre personnalité, travailler au relèvement de mon cher pays, donner tout mon effort aux intérêts de ceux qui ont souffert. J'agirai en cela comme mes prédécesseurs qui ont constamment défendu les intérêts du pays.
La puissance du tsar avait une grande influence sur l'imagination du paysan et l'imagination joue un grand rôle chez les paysans russes. Il fant mettre à profit cette disposition pour les diriger dans la bonne voie. -
Pierre BOREL.
LE SUCCESSEUR DE LENINE SUIVRA LA MÊME POLITIQUE QUI ASSURE SELON LUI LA RENAISSANCE DU PAYS
Le principal objectif de Rikoff est le rétablissement économique.
Moscou, 9 février. Au cours d'une interview, Rykoff a fait les déclarations suivantes
« Les peuples de l'U. R. S. S. ont traversé les années les plus pénibles sous la direction de Lenine. Maintenant que les conditions d'existence sont meilleures, la même politique sera poursuivie. J'ai été pendant six ans le proche collaborateur de Lenine et c'est sur son insistance que j'ai été amené à le suppléer au Sovietnarken.
L'objectif principal de mon gouvernement consistera à continuer la politique de Lenine. Les décisions unanimes du congrès des soviets dans les affaires intérieures et extérieures, témoignant de la parfaite concordance des volontés des travailleurs du gouvernement de l’U. R. S. S., détermineront la future activité de celui-ci.
Pour la politique extérieure, nos objectifs sont la lutte pour la paix et la consolidation de la position internationale de l'Union des républiques soviétiques. L'U. R. S. S. n'a jamais attenté aux territoires étrangers, elle ne veut pas dominer les autres peuples, mais la situation inquiétante de l'Europe contemporaine, l'inconsistance du traité de Versailles incitent les soviets à veiller à la préparation militaire d'une armée rouge extrêmement réduite.
... La septième année de la révolution, les puissances européennes sont enfin convaincues de la solidité du pouvoir des soviets. Cette conviction fournit la base de négociations économiques et financières. Les pays qui, avant les autres, ont adopté l'attitude dictée par le bon sens à l'égard de la révolution russe n'auront pas à s'en repentir; nos rapports avec l'Allemagne, après Rapallo, ont pris un excellent développement, également avantageux pour les deux parties contractantes. La reconnaissance de l'U. R. S. S. par le nouveau gouvernement anglais, le revirement éventuel de la politique extérieure des autres pays sont en faveur des relations normales avec l’U. R. S. S. En attendant, nous sommes obligés de n'entrer en rapports économiques étroits qu'avec les pays où nos intérêts sont suffisamment garantis.
Le principal objectif de notre politique intérieure est le rétablissement économique du pays et la renaissance du trafic entre les villes et les campagnes. »

 déclarations Grand Duc Cyrille et de Rykoff successeurs de Lénine